La passion des livres

La passion des livres

Création de références grâce aux livres


La création de référence(ment) grâce aux livres

Comment dans l’histoire de l’imprimé, l’évolution, le développement du livre créé et organise de la référence, à partir d’exemples précis. Et que change internet ?

 

Tout d’abord présentons les deux références possibles, la référence interne et externe :

 

Référence interne :

  • Table des matières
  • Nature descriptive des tires (Chez Alexandre Dumas par exemple)
  • Système de mots (marges)
  • Index (à partir de la fin du 16ème siècle)
  • Glossaire

 

Référence externe :

  • L’auteur
  • L’éditeur
  • L’imprimeur
  • Le sujet, la thématique (Théâtre, Cinéma…)
  • Un élément externe (Université, Roi, personne ou institut faisant « loi »…)

 

 

I Etablissement du système (1480-1630)

 

Le livre est un procédé de pièces linéaires à l’adresse d’un public défini. Il y existe un rapport image-texte qui est fort, cela engendre une référence interne.  On passe de l’oralité à une vulgarisation de l’imprimé, ce qui engendre, à des moments, des divergences dans l’écrit et la présentation des œuvres jusqu'à lors orales. (Ex : les 4 fils Aymon)

Le développement de l’imprimerie, la vulgarisation du livre entraine une variation du produit (lectorat, type d’ouvrages…). L’imprimeur fait référence, tel l’exemple de Geoffroy de Tory, avec une marque d’imprimeur, connu et reconnu. Actuellement on peut encore retrouver cela pour certains collectionneurs au travers de l’imprimeur Jean de Bonnot par exemple (imprimeur à l’enseigne du canon).Le princeps, la première édition est également une référence, car cela permet de situer l’œuvre dans son époque, avec l’accréditation royale et de poser la date de la première version de l’œuvre imprimée. Il y a moins d’images (question de prix de l’impression) et plus de complémentarité entre l’image et le texte. On perd également la couleur, avec l’imprimé, qui était présente dans les manuscrits. L’imprimé n’invente pas la référence mais établit une norme.

Le système du livre se trouve illustré au travers du songe de Poliphile d’Aldo Manuzio (Venise 1499)

 

II République du savoir 1630-1800

 

Les désordres et ordres de l’imprimé se font face. Le référentiel qui est le livre « savant », fait face au livre populaire, notamment à la collection de la Bibliothèque Bleue, vendue par les colporteurs.  Le souci est le nivellement des connaissances présentée et les erreurs présentes dans la dites collection.  Ce sont des ouvrages sans références, l’image du livre fais référence mais n’entraine pas un accès à la connaissance. La qualité du papier, de la reliure est si mauvaise qu’il n’existe actuellement plus de survivance de cette collection. Le livre ne fait plus référence par lui-même, la référence ne fonctionne plus. Nous sommes en présence d’une fausse référence, telles  qu’il en existe encore au travers des mémoires de d’Artagnan présentées par Jean-Michel Royer, éditions Ramsay (des années 1970), ou il est indiqué à la fin de l’ouvrage que tout est faux et inspiré librement de l’œuvre d’Alexandre Dumas. Cependant la Bibliothèque Bleue a permis un passage de l’oralité dans la mémoire collective, suite à sa très large diffusion. Le livre est un intermédiaire dans un système qui se complique de plus en plus. La sociabilité d’un individu, son rang hiérarchique de fonde sur sa compétence et donc sur les livres, notamment la noblesse de robe, (Le bourgeois gentilhomme de Molière).
Le livre savant, lui, gagne en précision alors que l’ouvrage populaire perd lui en clarté. Cela permet cependant à chacun d’avoir son lectorat. Il bénéficie d’une temporalité, d’une périodicité et d’une actualisation. La référence doit s’actualiser et se mettre à jour.
C’est l’époque de l’essor de l’estampe, le passage des gravures sur bois aux gravures sur cuivres, aux tailles douces. La référence devient externe, c’est désormais le libraire ou l’éditeur qui devient la référence et plus forcément l’imprimeur ni le livre en lui-même. L’image déposée à côté du texte fait également référence alors même que celle-ci n’est pas forcément en rapport direct avec le texte, voire est issue et réutilisée d’un ouvrage totalement différent. L’auteur est un élément important pour un texte classique et devient un argument de vente. On assiste également sur cette période au début de la presse avec la Gazette de Théophraste Renaudot.

 

III Le livre industriel 1800-1945

 

Il y a au cours de cette période, un élargissement du lectorat (féminin principalement). Cela donne lieu à une spécialisation par des auteurs savants se recommandant de l’Université ou se réclamant d’une autorité savante ou du Roi. L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert en est un exemple. Il est important d’avoir accès à une connaissance afin de pouvoir progresser socialement. La révolution française à fais sauter les verrous de la progression sociale et de l’enseignement réservé jusque la aux religieux. L’Encyclopédie est une commande de l’état, afin de concurrencer l’Angleterre et la Cyclopédia de Chambers, et étant un ouvrage commercial, réalisé par souscription, elle sera mieux réalisée et de manière plus rapide. La création sociale se développe également autour de l’éditeur (Ex : Le Breton).  La mise en relation d’informations et de gravures, permet à l’encyclopédie d’expliquer par la référence, à la différence d’un dictionnaire (glossaire). Le développement du livre se fait via le succès commercial.
Le grand nom de cette période est incontestablement Larousse. Cet instituteur, commençant par écrire un ouvrage sur la grammaire vers 1850. Il obtient l’autorisation de vente/distribution en 1852.

En 1860, 40 000 exemplaires de la grammaire sont écoulés, s’en suis diverses rééditions de 22 000 exemplaires chacun. Le nouveau dictionnaire de la langue française s’écoule en un an, à 44 000 exemplaires. Cela illustre bien le développement commercial et le tournant pris par la référence. Désormais un ouvrage bien vendu, un bon produit commercial, fait référence.

 

IV La grande diffusion 1945-2017

 

L’édition reste souvent de mauvaise qualité mais gagne en vitesse et en tirage. Il y a la recherche d’un nouveau public et l’élargissement du système de référence (plus d’œuvres, de livres, de théâtres etc…). La référence selon les collections (bibliothèques vertes ou roses) se modifie et des ouvrages peuvent passer d’une collection à l’autre se qui modifie la vision qu’en a le lecteur. (Ex : Passage des six compagnons de Paul Jacques Bonzon de la Bibliothèque verte à rose en cours)

Le livre cherche à retrouver sa beauté d’antan à travers certaines réactualisations au moyen d’arabesque, lettrines, décors, etc...
La référence a de la valeur (ex : jean de Bonnot et ses tirages de têtes, éditions « à l’ancienne »).

La métaphore de la grande diffusion est le mythe de la référence universelle. Le livre de poche se vent par sa seule couverture, le livre est devenue la référence absolue.

Internet engendre des soucis, car la référence se perd ou est écrasée suite à l’amoncellement de nouvelles données. Chacun pouvant ajouter des informations librement sans forcément de sources vérifiées et donc de référence, il y a une perte d’informations vérifiées et de référence. La copie d’ouvrages ou de texte est également bien plus simple, d’où un plagiat plus facile et une perte de la notion de princeps. Cependant pour le positif, cela permet un accès plus facile à bien des informations et une mise à jour de la référence quasi instantanée, ce qui n’est pas possible avec l’imprimé.
Malgré tout le livre et le papier reste, encore actuellement, le meilleur moyen de garder trace et de faire référence dans le temps. La numérisation des ouvrages et le peu de temps d’existence d’internet et de l’informatique, comparé à l’existence de l’imprimé, ne permet actuellement pas d’avoir le recul nécessaire afin de connaitre l’évolution de la conservation des données sur ce support à long terme. De plus, en cas de soucis d’alimentation électrique, de virus ou de panne, quid  des données conservées ?


19/11/2020
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